(*) Padèk : sorte de condiment fait
de poissons macérés dans du sel, mis en jarre en terre cuite, pour une longue
conservation;
(*) Lao: terme désignant
lethnie prédominante du Laos (lesLao loum), et qui parfois
est employé pourlaotien, mot qui sapplique en principe à
la nationalité commune à toutes les ethnies confondues du Laos, pays multiethnique.
Dans le
domaine musical, le peuple laotien se fait reconnaître immédiatement par un instrument :
le Khène. C'est une sorte d'orgue à bouche dont les tubes sonores sont en bambou d'une
espèce spéciale appelée "may khène", d'où l'instrument tire son nom.
- Faisceau de
7 ou 8 paires de tubes effilés; sur chaque tube est fixée une anche, mince lame vibrante
en cuivre ou en argent, ou souvent en alliage des deux métaux; sur chaque tube est percé
un petit trou lequel, bouché avec le bout d'un doigt permet de produire un son;
Les tubes
sont assemblés et enserrés par paires dans un manchon ou tronc en bois creux, faisant
office de poche d'air ou de soufflerie, dont l'étanchéité est assurée au moyen d'une
cire spéciale de couleur noire, appelée "khisout" et utilisée comme mastic.
Avec ses 7 ou
huit paires de notes couplées par octave, le khène permet de jouer 3 genres de musique:
1°) Musique
folklorique : airs d'accompagnement de chants locaux, utilisant une ou deux notes
permanentes (qui sonnent en permanence comme dans le cas du biniou breton ou de la
cornemuse écossaaise); airs sur lesquels le joueur brode des motifs musicaux fort simples
qui se répètent en leitmotiv ou rengaine.
Les airs de
chants locaux au Laos sont très variés: Khab Ngum(chant de la Nam Ngum, région au nord
de Vientiane); lam thang sanh ; lam thang gnao; long khong (au fil du Mékong), pour la
région de Vientiane, de l'Est de la Thailande et tout le Laos; khab Samneua(Chant de
Samneua); khab Mahaxay; khab Phouthay noy, Khab Phouthay nhay; Lam Khone Savanh(
Savannakhet ); lam tangvai; lam Saravane; Lam Siphandone; Lam teui; Teui houa donetane;
lam sôm(Paksé); mèng phoutomdok; lampheune(Est de Thailande et Laos); mè hang kom
louk; lômphatphay; khabtieum(laotheung), etc... Les chants de Louang Prabang(Khab mayong,
khab salang, Khab thoum) sont généralement accompagnés par un orchestre
"Mahôry".
Bref, chaque
région, même certains villages ont leur air de khène particulier, et qui s'apprend et
se transmet par la tradition.
2°) La
musique de danse classique lao, le "Natasinh". Le khène est parfois introduit
dans le "Mahôry", groupe instrumental qui exécute de la musique classique lao
"dontri lao deum".
3°) La
musique moderne lao constituée par des chansons de création récente et qui sont fort
nombreuses, généralement exécutées par des groupes de musiciens utilisant des
instruments modernes courants.
Notons que
les mélodies occidentales simples, sansnotes ccidentées (
dièses ou bémols), peuvent être jouées également sur le khène, avec la possibilité
de faire des accords plaqués et arpégés, et de moduler dans 4 tonalités relatives. Le
khène permet un certain jeu polyphonique qu'ignore généralement la musique ancienne ou
classique lao, laquelle est toujours exécutée à l'unisson (voir plus loin).
A part que le
khène permet aux Laotiens de se reconnaître immédiatement entre eux, d'un bout à
l'autre des pays d'Asie ou d'ailleurs, les Lao sont aussi, par cet instrument, facilement
identifiés par ceux qui ont vécu au Laos, ceux qui ont eu l'occasion d'assister aux
"boun" ou fêtes populaires lao, où ne manque presque jamais le spectacle de
chanteurs improvisant durant des heures, ou des nuits entières, debout sur un tréteau
surélevé, dominant une foule nombreuse et enthousiaste.
Ces
chanteurs, des deux sexes, se produisant souvent par couple, s'affrontant dans une joute
de poèmes et de paroles chantés, sont toujours accompagnés par un joueur de khène qui
égrène infatigablement des rengaines tour à tour rythmées, langoureuses, plaintives et
nostalgiques, puis gaies et sautillantes.
Le khène est
vraiment le compagnon du "Mokhène" (joueur de khène) qui accompagne toujours
le ou les " Molam ", troubadours qui, au Laos vont de village en village, de
pagode en pagode, pour animer les nombreux "boun" ou fêtes populaires lao
Parlant de
"khène" et de musique folklorique lao, la Communauté Laotienne en France se
félicite de l'existence d'un groupe d'artistes lao à Melun, composé de
"Molam"(chanteurs) et de "Mokhène"(joueurs de khène) de réputation
bien établie depuis de nombreuses années.
En effet, le
groupe dirigé par M. Khampha Inthisane, s'est produit à plusieurs reprises à la
Télévision française, a participé aux manifestations artistiques et culturelles de
l'UNESCO, a produit un certain nombre d'enregistrements audiovisuels et sur cassettes, a
fait de nombreuses tournées dans les provinces de France et en Europe: Allemagne(Bonn et
Berlin), Angleterre(Londres), Belgique, Hollande, Suisse, Italie (Florence) notamment
On ne peut
passer sous silence les noms bien connus des principaux animateurs du groupe qui sont,
soit "Molam", soit "Mokhène" : Tém, Nouthong, Litsida,
Thitsang-vone, Phimmasone , Chansamone , Sèngphet Sourignavongsay, etc...
Musique
complètement anonyme, transmise de génération en génération, par la mémoire et une
longue initiation au sein des groupes de musiciens traditionnels. C'est en somme notre
musique classique, dont on ne connaît plus très bien les origines. Il y en a de 2
catégories :
1°)Musique
légère: à facture courte en général, assez longue parfois, servant à accompagner la
danse classique "Natasinh" ou certaines danses élaborées, assorties de chants
originaux ou de nouvelles paroles continuellement composées pour des circonstances
nouvelles. Ici, la musique, le chant et la danse sont des éléments à ne pas dissocier,
dans la conception laotienne. A la danse se substituent parfois la mar-che, les gestes,
les attitudes, ou les évolutions sur scène. Citons quelques titres signi-ficatifs qui
désignent, soit 2 ou parfois 3 choses à la fois (chant, danse, musique) :
- Lao douang
deuane(3), Lao phène(3), Lao kasè(2), Lao siangthiène(2), Fone dork may(3), Phama
lamkhouan(ou Tén xè - 3), Tioy gnouan(?),Fone sourigna(3), Fone nôk khao(3) ou danse de
la colombe, appelée aussi Sinouane, Phéng saleum xay(2), Phéng ténh labam(2), Falang
yam thao(2), Phéng dork dinh(3), Phéng seut(2), Phéng saneu(2), Phéng loua(2), Phéng
ôd(2), Phéng ork khèk(3);
- Le
"Lamtad" associe le chant et la musique. De forme mélodique très variée, il
comporte un chanteur soliste qui improvise ou crée toujours de nouvelles paroles, en
guise de discours de bienvenue, de louanges ou de souhaits à l'adresse d'un large
auditoire; chanteur qui est accompagné et soutenu par tout un groupe de choristes qui
donnent la réplique, en chantant une sorte de refrain répétitif, rythmé par de la
musique et le clappement simultané des mains.
Musique très
élaborée, mais toujours jouée à l'unisson, comportant 2, 3 factures ou plus. Chaque
facture affecte un caractère mélodique un peu différent, et qui se joue en principe
deux fois, avant de passer à la facture suivante.
Certains
morceaux sont longs et difficiles à retenir, n'accompagnant aucun chant en général,
exécutés de mémoire, sans chef d'orchestre apparent. Cependant, c'est le "lanat
ék" ou premier xylophoniste jouant en ton aigu, qui doit avoir une bonne mémoire
pour conduire et guider le groupe orchestral plus ou moins étoffé appelé " Mahory
", et qui est composé notamment de :
- 2
"lanat" ou xylophones en bois, l'un de ton aigu (lanat ék), l'autre plus grave,
jouant en ton de basse (lanat thoum);
- "Khong
vông", série de petits gongs en cuivre disposés en arc de cercle sur un support;
-
"khoui" , flute en bois ou en bambou;
-
"Pi", une sorte de clarinette en bois;
- "Xo
I" et "Xo ô", une sorte de viole dont la caisse de résonnance est en
tronc de bois creux ou de bambou (pour le Xo I jouant en soprano), ou une coque de noix de
coco (pour le Xo ô jouant dans le ton grave); instrument à 2 cordes frottées avec un
archet à crin de cheval;
-
"katiabpi", une sorte de mandoline ou instrument à cordes pincées, avec caisse
de résonnance et manche en bois sculpté;
- le
"khène" est rarement utilisé dans le Mahôry; et au cas où il lest,
tous les autres instruments doivent saccorder sur les tonalités du khène qui sont
très limitées et rigides;
- Pour la
section rythmique ou percussion: le "Kong phinphat"(tambour à 2 faces, frappé
à la main), "Kong taphône" (2 tamtams couplés à 2 tonalités, frappés à
l'aide de 2 bâtons); le "Xing" et le "Xab" (cymbales en cuivre pour
marquer le rythme).
-
Le groupe de
"Mahôry" se produit en des occasions spéciales ou solennelles : réception à
la Cour Royale, processions et cérémonies religieuses, animation comme musique de fond
lors des veillées funèbres, veillées de fêtes de maison, des banquets et festivités
d'un certain standing, etc.
Musique
fonctionnelle parfois, pour accompagner les scènes de danse du
Phalakphalam(Ramakiène ou Ramayana) qui se déroule en général
à la Cour, ainsi que les scènes de théâtre chanté en salle, "Iké"
d'origine siamoise, et pratiquement oublié de nos jours.
Musique
noble, sans doute de tradition angkorienne, introduite au Lanxang (Laos antique) du temps
du Roi Tiao Fangum au XIVè siècle, en même temps que le Boud-dhisme du Petit Véhicule,
les manuscrits religieux sur feuilles de latanier, l'architecture des pagodes, le
Ramayana, les reliques et objets de culte, les moines instructeurs, etc.
A partir donc
de la Cour Royale, divers arts importés dont la musique et la danse, se sont diffusés
dans le peuple, sont assimilés et adaptés par les couches populaires lao des deux rives
du Mékong, selon leur tempérament et leur génie propres. Notons aussi quil y a
dans cette musique une certaine influence de l'antique Siam qui, comme le Lanxang fut
également redevable à la civilisation angkorienne pour divers arts. Echanges et
inter-influences ont eu lieu de tout temps entre les 3 pays de la vallée du Mékong. Il
en est résulté pour les Lao ladaptation et la création doeuvres devenues à
la longue typiquement laotiennes.
Ne nous
étonnons pas que des musiques et danses de style presque semblable se pratiquent aussi au
Cambodge et en Thailande. Il existe indiscutablement des liens de parenté artistique et
culturelle entre ces trois peuples qui pratiquent du reste un bouddhisme semblable presque
sur tous les points. Dans ce genre de musique, on croit souvent entendre des morceaux
semblables, mais les titres et appellations parfois diffèrent, ainsi que certains
passages mélodiques devenus même méconnaissables. La source reste apparemment commune.
Pour leur
part, les Laotiens peuvent citer à leur actif une longue liste de morceaux devenus
classiques : Nang nak, Soï sônh tad, Pham did nam tao, Kao nork, Kao nay, Lao douang
deuane (musique seule), Lao siangthiène (musique seule), Lao chaleunsi, Lao sôm deuane,
Lao lampang, Lao kathôbmay, Phama lam khouan (musique seule), Phama sôm tianh, Orathay,
Bouabangbay, Thorani kanh sèng, Nak boriphat, Sôm dork, Nôk khao khia hang, Phagna noï
sôm talad, Thong yone, Không béng, Kaykèo, Chinethoum, Nôk kasoumsèo, Katai sôm
tianh, Khèkmone, Soudsangouane, Nang-khouane, Khèkmone samsanh, Mone heua, Lôm
phatsaikhao, Khaméne pakthor, Khaméne phôthisat, Khaméne pikèo, Khaméne phouang,
Khaméne saygnôk, Sinouane, Pè, Baykhang, etc...
C'est une
chance et un privilège pour la Communauté Laotienne que d'avoir en- core à son service,
dans son exil, un petit groupe de musiciens amateurs pour agré-menter certaines soirées
de fête, certaines manifestations artistiques et culturelles où l'on tient à avoir un
certain cachet laotien. Dirigé par le Docteur dentiste Thay Thiravong, le groupe a pris
le nom de "LANXANG MAHORY", un nom un peu pompeux peut-être, mais qui reflète
bien la grande nostalgie des Laotiens pour leur pays, avec son glorieux passé, le faste
des cérémonies, la douceur de vivre et la beauté naturelle de ses sites.
Derrière
cette appellation évocatrice, se cache aussi l'ambition de préserver coûte que coûte
un précieux patrimoine national, auquel pourront se reférer nos compa-triotes expatriés
et nos jeunes, en quête de retrouver leur identité, leur racine et leur âme, de se
forger une personnalité plus riche et forte, afin de faire face à l'adversité.
Les
principaux animateurs sont : Nouthong Phimvilayphone, Kham-Ouane Ratanavong, Khamkhing
Souvanlasy, Tém, Phouvieng Voradeth, Chansamone et autres personnes encore, qui viennent
occasionnellement se joindre au groupe, telles que Vong Norindr, Champa, Khamvieng et Dara
Champaphonevilay, M. Kèo Viphakone, Phonephet et Rattana Phetsirisèng.
Le groupe se
réunit chez l'un ou chez l'autre, selon le temps disponible, consacre ses efforts pour
s'entraîner et faire des répétitions en vue des soirées et mani-festations auxquelles
il est convié. Ainsi, on l'a vu se produire en diverses occasions, à la télévision
ainsi que dans des salles de fête laotienne.
Il a à sa
disposition un "Houam phéng lao deum" (recueil de musique ancienne lao) assez
étoffé, et un "Samout houam phéng fone natasinh" (recueil de musique de danse
natasinh), deux documents conservant notre précieux patrimoine national par le solfège,
à défaut d'enregistrements sonores de bonne qualité sur cassettes.
Dans ce
domaine, il y a de la variété, de la quantité et même de la qualité, grâce aux
nombreux moyens et à la technique modernes. Il serait intéressant d'évoquer un peu
l'historique de l'évolution de l'art musical lao de l'époque contemporaire, marquée
surtout par la création des chansons laotiennes qui, maintenant portent des signatures
d'auteurs souvent bien connus par le public.
Les anciens
auteurs puisaient leur inspiration dans le folklore et dans le phéng lao
deum ou musique ancienne lao. Les auteurs modernes, bien que connaissant
malheureusement moins bien la musique ancienne, ne cessent cependant de s'en inspirer,
sans toujours s'en rendre compte, tout en subissant des influences diverses venant
d'ailleurs, de Thailande, de l'Occident et de l'environnement international.
Au temps où
l'on ne connaissait encore ni phonographe, ni radio, ni même les journeaux au Laos, je me
souviens que la seule musique qu'on entendait, c'était celle du "khène", du
"Mahory" (orchestre traditionnel) et du "Iké", théâtre introduit au
Laos par 2 grands maîtres venus du Siam (Thailande actuelle) et finalement fixés dans
notre pays, à savoir Khou Sing(à Paksé) et Khou Ouane Soutthamma (à Savannakhet,
Louang Phrabang, puis Vientiane où, marié à une princesse royale, il a fondé et
dirigé l'Ecole nationale du Natasinh lao, auteur de nombreuses
oeuvres chorégraphiques et musicales pour lesquelles resteront redevables pour longtemps
diverses générations d'artistes lao, danseurs et musiciens des deux sexes).
Le khène
accompagnait les "Molam", troubadours qui puisaient leurs sujets à diverses
sources :
1°) Les
Kab kone ou "kone lam" : poèmes populaires qui parlent
d'amour (cours d'amour bien typiques du Laos), de religion, de voyages et fabuleuses
aventures, des choses de la vie, des activités courantes, etc.
2°) Les
"Nangsu phouk", oeuvres littéraires fort nombreuses et anonymes, écrites sur
feuilles de latanier (Baylane), telles que: Kalaket, Sang sinh xay (de Thao ou Chao Pang
Kham), Sourivong, Nang tèng one, Champa si tônh, Khoun lou nang oua, les oeuvres en vers
sur les vies du Bouddha (Phavet sanh done, Témé, Sanôk, etc...éditées et vulgarisées
par Maha Kèo, Maha Sila Viravong), et tant d'autres encore...
J'en garde un
souvenir indélibile pour avoir été souvent choisi, dans ma prime jeunesse pour faire la
"lecture chantée" de ces poèmes mythologiques ("Ane nangsuphouk"), -
car il s'agissait bien de chanter, mais sans être accompagné par aucun instrument - dans
certaines occasions exceptionnelles : veillées de fêtes de maison, animation de soirée
en l'honneur de personnalités lao de passage dans la ville, classes de langue laotienne
au Collège Pavie de Vientiane.
1.- Les
chansons enfantines. Ce qui pouvait apparaître un peu comme "Phéng hong" ou
chansons dans le style d'aujourd'hui, ce sont les "berceuses" chantées par les
mamans laotiennes, et surtout les petites chansons créées par les maîtres d'école pour
leurs élèves. Pleines de simplicité, de fraîcheur et d'innocence, elles restent
toujours anonymes. Quelques titres ou plutôt paroles me restent en mémoire : "none
xa yeu lab ta mè xi kom..", " ôl dôn xa ita tôk toum..", "ôlavinh
ôlaviane hao pén nak hiène phun meuang Savanna", "Hak nong thèthè su
phaphè ma hay nong hôm..", "Hom kinh baneyénh..", "ô mèng kabeua
tiao pénh xua xad day..", "Heua lam ni bo mi xai khad thai..",
"Khnôm pang kab kay rôti..", "Khoud dinh fanh may pouk khao phôd
sali..", etc...
2.- La
chanson laotienne à l'époque du "Samay funefou xat". Epoque de la Renaissance
Nationale, 1939-4O, où le conflit franco-siamois a provoqué l'éveil de la conscience
nationale lao; appelée aussi époque du "Lao Nhay", nom donné au premier
journal lao. La première émission de la Radio Lao avait pour speaker M. Nhouy Aphay, mon
ancien professeur de français, premier licencié-es-lettres laotien issu de la Sorbonne.
L'intelligentsia
lao constituée sous l'égide de S.A.Tiao Phetsarath, réunie au sein de la
"L.A.S." (première association lao, la "Laotienne Artistique et Sportive)
présidée par M. Bong Souvanavong, mue par un patriotisme ardent et neuf, a suscité la
naissance des premières oeuvres dans les domaines littéraire, théâtral et musical.
La première
chanson lao est symbolisée par "Phéng xat lao" (l'Hymne National Lao visé
dans la première Constitution Nationale, et qui serait encore, semble-t-il, maintenu
comme tel par le nouveau régime à Vientiane, avec simplement de nouvelles paroles).
Dr Thongdy
Sounthone Vichit, un médecin, en est l'auteur. Créateur prolifique, il a composé avec
l'aide du khène un grand nombre de chansons. Mme Souphaphone Soukhavong de l'A.D.A.P. en
a retenu un certain nombre dans son recueil de "Chansons laotiennes de toujours"
(Houam phéng lao ammata) qu'elle a publié en 1985. Nous y retrouvons les titres les plus
connus, de Dr Thongdy, tels que : Phéng xat lao, Lao houam samphan, Teuane tiay lao, Lao
houam vông, Douang ratri, Lèng thi Vientiane, Douang nhithô.
Outama
Chounlamany est bien connu pour les titres suivants: Tiampa meuang lao, Xao noum, Louk
seua lao, Deuane ngam gnam nao, Déd dork hak, Nay ta bork.
Khou Ouane
Soutthamma a composé beaucoup de "Lam tad" et "Lamvông". A son
actif, citons: Lam tad hônghiène (avec Chao Sathiène Nachampassak), Lam tad nak hiène,
Lamvông pimay (encore très joué), Lamvông nak hiène.
Beaucoup
d'airs et chansons anciennes continuent à être joués ou résonnent encore dans nos
oreilles, sans qu'on puisse dire qui en étaient les auteurs. Essayons maintenant de
rétablir quelque peu les liens oubliés ou perdus :
Les titres :
Nak hiène lao, Eune lao noum, Hao pénh thahane, Xômdeuane ngay, ont pour auteur Tianh
hom.
Ma ma ma (ou
Eun lao noum), Keud pénh lao, Khoi bo mao, Tiam tiay tiak, sont de Khammeung Sananikone.
Dork boua
thong, encore très joué et chanté, est de Pierre Espanez
Sai lôm
yénh, Koulab Paksé, sont de Bounthamali.
Gnat vông
phông phao (titré précédemment "lôm phad phay") est de Dr Thongdy Sounthone
Vichit. Les paroles sont de Khamsy Sirimanotham.
Kila kila (de
Bounkhông Pradichit), Tianh lab (de Soukanh Vilaysane), Hak bo sôm vang (de Phoui
Siharath), Dork lila (de Nang Kongmi),
Gnouvaxôn,
Gnouvanari, Tam pamay (de Kham-Ouane Ratanavong).
Une remarque:
les chansons de cette époque comportent beaucoup de marches et de chants à thèmes
patriotiques. Les chansons de charme étaient aussi à l'honneur. Souvent bien
construites, comportant des factures régulières, avec des couplets et un refrain, elles
reflètent un certain romantisme plein de réserve et de pudeur. L'expression même de
l'amour reste platonique. Et il s'y mêle presque toujours un petit grain de nationalisme
ambiant.
Par de
fréquents concours de musique organisés par la "L.A.S." sous la direction de
M. Bong Souvannavong, encouragés par M. Charles Rochet, Directeur de l'Ensei-gnement
Secondaire, une figure française intimement liée au mouvement de réveil national lao,
la chanson laotienne a pris un essor prodigieux.
Bon nombre de
chansons ont été composées pour servir dans les scènes de théâtre. Un certain nombre
de pièces théâtrales ont été écrites, axées sur l'étude des caractères humains,
à la façon de Molière.
C'était le
"Lakhone phoud" (ou théâtre parlé), où interviennent de temps à autre des
passages chantés ou chansons, comme intermèdes.
Je me
souviens que les acteurs et interprètes de ces pièces ont été choisis par-mi les
anciennes figures laotiennes bien connues, telles que Phoui Sananikone, Katay Don
Sasorith, Bouaket Chanthapanya,Tay Kèolouangkhôt, Leuam Rajsombat, Nang Phoune(Mme
Nivong Souvanheuane) et tant d'autres encore...Quelques titres me reviennent encore :
"Ba nhôt"(la folie des grandeurs), "Sôm tiay" (un nom de
personnage), etc...
C'est un
grand dommage que ces oeuvres aient pu être toutes oubliées dans la période qui suit,
alors qu'elles auraient pu être nos classiques en matière de théâtre. Peut-on
maintenant les retrouver quelque part, pour notre documentation, surtout après le grand
massacre culturel et la débandade générale infligés à la Nation Lao, suite à la
révolution marxiste-léniniste de 1975 ?
Par contre,
la tradition des concours de musique s'est perpétuée, et allait prendre un nouvel essor
durant l'époque de l'Indépendance, après la Seconde Guerre Mondiale, jusqu'en 1975.
Notons que même dans l'exil, la Communauté Laotienne expatriée n'a jamais cessé de
trouver des occasions pour ressuciter cette tradition. De temps à autre, des concours
littéraires et de musique ont été organisés afin de permettre à de nouveaux et jeunes
talents lao ou d'origine laotienne de s'exprimer et d'émerger.
La
décolonisation débouche sur une longue période de reconstruction nationale. La
priorité était pour la formation accélérée dans divers domaines, surtout
administratifs et techniques. Le professionnalisme était inconnu dans la pratique des
arts musicaux et chorégraphiques.
Les efforts
dans ces domaines en revenaient au premier chef à l'Etat : création du Conservatoire des
Arts (par le Kôm Sinlapakone, Direction des Beaux-Arts), dirigé dans les plus récentes
années, avant 1975, par M. Khanthong Thammavong, puis par M. Outé Khamvongsa. Les deux
personnalités ont finalement trouvé asile politique en France.
Après les
premiers coups d'envoi donnés par nos artistes amateurs de lépoque "Samay
funfou xat", acteurs, compositeurs de musique, chanteurs et musiciens, lesquels
faisaient en même temps leur métier de fonctionnaires ou cadres adminis-tratifs, il se
passait une certaine période d'assoupissement, d'attente et de gestation, sans création
d'oeuvres nouvelles. On vivait sur l'héritage du passé.
Le cinéma,
la radio, les voyages et études à l'étranger, le développement des loisirs et de
nouveaux besoins sociaux ont peu à peu suscité la naissance des groupements et
associations d'artistes musiciens, jouant des instruments modernes courants.
Les
influences extérieures et les fréquents concours de musique y aidant, de même que la
multiplication des occasions de se produire(radio, spectacles, fêtes, cérémonies,
réceptions publiques et privées, fanfares et orchestres attachés aux corps d'armée,
dancings et boîtes de nuit, etc...), bientôt une nouvelle génération d'artistes a vu
le jour, avec une floraison de chansons modernes, épousant les rythmes et cadences à la
mode. Mais le style mélodique demeure malgré tout laotien, asiatique si l'on veut, ou
plutôt proche de la Thailande voisine.
Le khène est
plus ou moins dédaigné par la nouvelle génération, et le "Mahory" de moins
en moins pratiqué; préférence pour les instruments et les airs modernes; de même que
le "Iké" et le "Lamtad" sont presque complètement oubliés, les airs
patriotiques ont perdu peu à peu le terrain pour faire place aux chansons à thèmes plus
variés : amour plus moderne, sentiments complexes et fantaisie, souvenirs poétiques,
nostalgie pour les sites, les régions, les villes , les lieux dorigine, etc.
Une
monographie spéciale et détaillée de cette époque, sur le plan musical, doit être
faite. Mais dans ma situation d'expatrié, je ne dispose pas assez de docu-mentation pour
le faire. Je me contenterai seulement de citer les noms des artistes que je connais, et
dont je me souviens encore, ne pouvant parler de leurs oeuvres qui sont au total très
nombreuses.
a)
Compositeurs bien connus :Khamla Nokèo - Tianh sôm, dit aussi So Sèngsirivanh - Phomma
Sôm Soutthi (aussi speaker à la Radio nationale lao) - Sanong Oun Vông(dit aussi Mi
dam) - Prixa Trichanh (dit Po Trichanh) - Somlit Ouane Savatdy - Phomma Phimmasone -
Sourivat - Khamla Phetdara - Viliam Dittavông - Voradeth Dittavông, etc...
La plupart de
ces compositeurs sont aussi chanteurs et instrumentistes.
b) Chanteurs
et interprètes bien connus, des deux sexes :Khamteum Sanoubane - Nang Thane Tavanh - Nang
Malivanh Voravong - Nang Sôm Fong - Nang Chansamone Sinbandith - Nang Bang One - Nang
Sômboune lao khamthong - Nang Tianh hom Frichittavong - Nang Malichansouk - Ko Viseth -
Soumountha Sirimanotham - Phomma Phimmasone - Chanthala Outhéne Sakda - Po Trichanh -
Bounthông Vôngsali - Nit Vichittavong - Bounthièng Manivông - Phone Theph - Saisana
Thanadabout - Khamphout Khénkittisak, etc....
L'exode de
1975, une terrible saignée pour le pays lao, a vu partir toute la troupe de musiciens, de
danseurs et danseuses de la Cour Royale de Louang Prabang, un grand nombre d'artistes de
l'Ecole Natasinh et du Conservatoire des Beaux-Arts de Vientiane, y compris leurs
directeurs, ainsi qu'un bon nombre de musiciens compo-siteurs et chanteurs bien connus du
public lao. Tout ce monde s'est retrouvé pêle-mêle en Europe, en Amérique, en
Australie...
C'est ainsi
qu'en France, comme aux Etats-Unis, dès que la vie s'est quelque peu stabilisée, puis
normalisée pour les réfugiés laotiens, les activités religieuses, socia-les,
culturelles, artistiques, et même sportives ont aussitôt repris partout, à la faveur
des regroupements en de nombreuses associations civiles.
Nombreuses
aussi, sont les occasions de retrouvailles entre parents, amis et connaissances laotiens
et français. Le calendrier social des familles est marqué, pour presque toutes les fins
de semaine par : des soirées de gala, de bienfaisance et de solidarité, cérémonies
religieuses dans des pagodes, soirées de nouvel an, baci, célébration de mariages dans
des salles, etc...où musique, chant et danse font nécessairement partie du programme.
C'est ici
qu'est apparue une nouvelle génération d'artistes laotiens que la Communauté Laotienne
doit considérer comme une chance et un grand privilège d'avoir encore à son service,
loin du pays natal. Ce sont des artistes qui se refusent encore à faire du
professionnalisme, comme leurs aînés de l'ancienne époque, exerçant souvent un métier
à côté, et qui continuent à jouer dans l'ancien répertoire lao, tout en se lançant
dans le vaste répertoire des chansons internationales à la mode.
De nouvelles
créations musicales laotiennes ont vu le jour, mais attendent d'être mieux connues et
diffusées plus largement. Beaucoup d'enregistrements sur cassettes et audiovisuels
existent et sont sur le marché. Radio-Asie(hélas supprimée tout récemment) et à
présent R.F.I.(Radio France Internationale) ont contribué grandement à la diffusion de
la musique lao, ainsi que la télévision, mais à titre occasionnel. Toujours est-il que
nos faiblesses persistent sur le plan médiatique.
Je ne peux
donner plus de détails, concernant ces créations nouvelles et leurs auteurs. Même dans
les concours de musique organisés de temps à autre, ce sont les noms des orchestres ou
groupes de musiciens qui apparaissent au premier plan. Et ils sont nombreux, avec des noms
parfois fort inattendus. Certains sont bien connus par le public pour avoir été souvent
à l'affiche, comme animateurs des fréquentes soirées de fêtes et de mariages laotiens.
En voici une
liste, qui n'est nullement exhaustive :Mittaphab - Mèkhong khièo - Nhaovaphout samphanh
- Mitsangkhôm - The Bamboos Dijon - Khouanchai praxa - Prasansinh - Moissy Club Pheuan
Lao - Action - Phanlakone bantheung - Les Hiboux (Nôkkhao) - Thunderfly - The Sixty -
Heaven - Khi kadeuane - Saynamkhane - Sèng tavanh - Tiaktianh (Les Cigales), etc...
Quelques noms
de jeunes compositeurs connus : Kôngsavath Soutthiphông - Tiao Khamphai Kounlavouth -
Mothana Vilaysith - Kivong - Kongkham Inthavong - Vang Ngeun Sananikone - Vèopaseut
Sômsavad - Saisamone dangkhambou - Souvanh Vongsoutthi - Phanlanakone - Kèo Silavong,
Somsavèng, Khountheuang etc.
Cette étude
est certainement incomplète, faute de documentation adéquate. Elle est basée en grande
partie sur des souvenirs et observations personnels. C'est par observation personnelle
aussi que je constate que l'art musical lao est arrivé, en ce moment, à un moment
critique de son histoire. Une crise d'inspiration ?
A part la
propension évidente de nos artistes à aller toujours de lavant, dans le
modernisme, voire l'internationalisme, il y a, quand il s'agit de faire de la musique
laotienne, une tendance à se rattraper simplement sur les chansons anciennes des époques
antérieures qui font encore recette, sans efforts réels de retour aux sources pour
découvrir davantage de richesses. Ces artistes auraient pu y être aidés par des
aînés, dont certains sont encore en vie, continuant encore à produire sporadiquement
des oeuvres typiques, mais qui malheureusement ont peu de chance de percer, dans le goût
et lenvironnement actuels. Rupture de générations ?
Le même
phénomène se produit actuellement au Laos. Déjà, dans notre histoire, quand se furent
peu à peu éteintes les grandes envolées patriotiques de lépoque "Samay
funfou xat" et de l'Indépendance nationale toute neuve, on revenait alors aux
chansons d'amour et de charme qui continuaient à inspirer la génération suivante.
De même que
maintenant, à Vientiane, quand les ardeurs révolutionnaires se sont tristement tues,
après avoir engendré des rengaines triomphalistes clamées matin et soir, au point
d'être devenues lassantes, ennuyeuses et vides de sens, c'est le retour pur et simple aux
vieilles chansons sirupeuses de l'ancien Régime tant décrié et hôni, avec quelques
accommodations parolières. Les éditeurs de Bangkok s'en mêlent en plus, pour lancer
quelques artistes lao chantant en duo avec des vedettes thaï. Ils ont pu ainsi
commercialiser activement et fructueusement les enregistrements d'anciennes chansons lao,
mais passablement thaïsées.
Quoi qu'il en
soit, il semble que par le biais de la musique, les frontières se sont abolies. Entre les
artistes lao de l'extérieur et de l'intérieur, les clivages artistiques ont disparu. Ils
se sont ainsi retrouvés, non seulement avec le même goût, les mêmes préférences et
les mêmes chansons, mais aussi par les visites qu'ils ont pu se rendre maintenant, dans
les deux sens.
La musique,
un facteur d'union, de réconciliation ou de concorde entre les Laotiens des deux bords?
C'est une matière qui mérite sûrement réflexion !
-
LAO ARTITS PROMOTION ( Khamteum Sanoubane, Voradeth DITTAVONG) 1227 W. 17th St.,
Suite 205 Santa Ana, CA 92706 U.S.A. (714) 285-1006 * (213) 773-7849
-
FANFAM & JKB. PRODUCTIONS in
USA Tel: 714-966-1151 Fax: 714-966-6683
-
MALA SOUND PRODUCTION
(Phomma Phimmasone) 12928 LYME BAY DR. HERDON, VA. 22071 U.S.A. (703) 437-0122
-
THANADABOUTH Phousouksavanh
2091 BRIARWOOD AVE. HANOVER PARK, ILL. 60103 U.S.A. (708) 289-6063
- STUDIO
MANYSENG Vangthong Soulisack 31 Rue des Noyers
77090 COLLEGIEN FRANCE (33)(1) 60.17.44.76
- Groupe
SAYTHALA - ( Dom ) Pankham
WARINTHASACK - 8 Rue Le Brix - 93420 VILLEPINTE - FRANCE - Tél: (33)(1) 43.85.44.99
-
HARMONY ORCHESTRE (
Kyvong ) - BOY: (33) (1) 48.68.47.20 ANDY: 48.79.00.02 - FRANCE
-
OUTSISER ( VONSANONH Bounsay ) -
4 Rue Castel - 92230 GENNEVILLIERS - FRANCE - (33) (1) 47.93.83.73
-
THE ACTION ( XOSANAVONGSA Kèonouvong )
7 Rue Pierre Brossolette 77000 TORCY FRANCE (33) (1) 60.06.04.08
-
KHOUNECHAY PRASA (Chanthala OUTHENESACKDA) 8
Rue André Malraux 93360 NEUILLY PLAISANCE FRANCE
-
MITTAPHAB ( VangNgeun SANANIKONE ) 100 Route Natinale
78940 LA QUEUE LES YVELINES - FRANCE
- Southi
MINGKHAMSAVATH
(Compositeur-Producteur) Bât: J2 - Parc de la Noue - 93420 VILLEPINTE - Tél: (33)(1)
43.83.17.74
-
KHOUANCHAY PRASA (Kongsavath SOUTTHIPHONG) 8, Rue André
Malraux - 93360 NEUILLY PLAISANCE (FRANCE
- STUDIO
JOY HOLAPHONG - Résidence Hameau
de Vallières - 12, Allée du Drapier - 77500 Chelles Chanterelle (France) - Tél.(33) (1)
60 08 58 49
- DB
Vidéo 2000 - 44 Avenue
dIvry - 75013 PARIS - Tél: (33)(1) 53.79.18.88 - Fax:(33)(1) 53.79.08.80
Liens
- LaoGate ( Canada
)
- Enjoy listening to Laos musics
-
Musique de l'Asie de Sud Est
-Strory of the Khene by Viliam
Phraxayavong
- http://listen.to/laomp3 ( Australie ) Ecouter les chansons Lao MP3
-http://perso.infonie.fr/nodone/ Nodone
-http://perso.libertysurf.fr/chidarani/index.html Chitdarani
-http://perso.wanadoo.fr/asia-music/ Lao Music
-http://dintanavong.free.fr Asia Musik Dintanavong