Espace Musical Lao

présenté par Kham-Ouane RATANAVONG <kor.ratanavong@free.fr>
Il y a des peuples qui se font identifier rapidement et sans erreur par leur musique et certains instruments dont ils se servent habituellement pour faire de la musique, pour effectuer certains travaux ou pour s'adonner à certaines activités. Pour ce qui concerne le peuple laotien, un dicton populaire dit : "un tel qui joue du khène, mange régulièrement du riz gluant, habite dans une maison sur pilotis, consomme du padèk(*), c'est sans conteste un Lao" (*).

(*) Padèk : sorte de condiment fait de poissons macérés dans du sel, mis en jarre en terre cuite, pour une longue conservation;

(*) Lao: terme désignant l’ethnie prédominante du Laos (les‘’Lao loum’’), et qui parfois est employé pour‘’laotien’’, mot qui s’applique en principe à la nationalité commune à toutes les ethnies confondues du Laos, pays multiethnique.

LE KHENE

Dans le domaine musical, le peuple laotien se fait reconnaître immédiatement par un instrument : le Khène. C'est une sorte d'orgue à bouche dont les tubes sonores sont en bambou d'une espèce spéciale appelée "may khène", d'où l'instrument tire son nom.

A - DESCRIPTION SCHEMATIQUE:

- Faisceau de 7 ou 8 paires de tubes effilés; sur chaque tube est fixée une anche, mince lame vibrante en cuivre ou en argent, ou souvent en alliage des deux métaux; sur chaque tube est percé un petit trou lequel, bouché avec le bout d'un doigt permet de produire un son;

Les tubes sont assemblés et enserrés par paires dans un manchon ou tronc en bois creux, faisant office de poche d'air ou de soufflerie, dont l'étanchéité est assurée au moyen d'une cire spéciale de couleur noire, appelée "khisout" et utilisée comme mastic.

B - MUSIQUE EXECUTEE SUR LE KHENE.

Avec ses 7 ou huit paires de notes couplées par octave, le khène permet de jouer 3 genres de musique:

1°) Musique folklorique : airs d'accompagnement de chants locaux, utilisant une ou deux notes permanentes (qui sonnent en permanence comme dans le cas du biniou breton ou de la cornemuse écossaaise); airs sur lesquels le joueur brode des motifs musicaux fort simples qui se répètent en leitmotiv ou rengaine.

Les airs de chants locaux au Laos sont très variés: Khab Ngum(chant de la Nam Ngum, région au nord de Vientiane); lam thang sanh ; lam thang gnao; long khong (au fil du Mékong), pour la région de Vientiane, de l'Est de la Thailande et tout le Laos; khab Samneua(Chant de Samneua); khab Mahaxay; khab Phouthay noy, Khab Phouthay nhay; Lam Khone Savanh( Savannakhet ); lam tangvai; lam Saravane; Lam Siphandone; Lam teui; Teui houa donetane; lam sôm(Paksé); mèng phoutomdok; lampheune(Est de Thailande et Laos); mè hang kom louk; lômphatphay; khabtieum(laotheung), etc... Les chants de Louang Prabang(Khab mayong, khab salang, Khab thoum) sont généralement accompagnés par un orchestre "Mahôry".

Bref, chaque région, même certains villages ont leur air de khène particulier, et qui s'apprend et se transmet par la tradition.

2°) La musique de danse classique lao, le "Natasinh". Le khène est parfois introduit dans le "Mahôry", groupe instrumental qui exécute de la musique classique lao "dontri lao deum".

3°) La musique moderne lao constituée par des chansons de création récente et qui sont fort nombreuses, généralement exécutées par des groupes de musiciens utilisant des instruments modernes courants.

Notons que les mélodies occidentales simples, sans‘’notes ccidentées’’ ( dièses ou bémols), peuvent être jouées également sur le khène, avec la possibilité de faire des accords plaqués et arpégés, et de moduler dans 4 tonalités relatives. Le khène permet un certain jeu polyphonique qu'ignore généralement la musique ancienne ou classique lao, laquelle est toujours exécutée à l'unisson (voir plus loin).

C - LE KHENE ET LE "BOUN" LAO (fête laotienne).

A part que le khène permet aux Laotiens de se reconnaître immédiatement entre eux, d'un bout à l'autre des pays d'Asie ou d'ailleurs, les Lao sont aussi, par cet instrument, facilement identifiés par ceux qui ont vécu au Laos, ceux qui ont eu l'occasion d'assister aux "boun" ou fêtes populaires lao, où ne manque presque jamais le spectacle de chanteurs improvisant durant des heures, ou des nuits entières, debout sur un tréteau surélevé, dominant une foule nombreuse et enthousiaste.

Ces chanteurs, des deux sexes, se produisant souvent par couple, s'affrontant dans une joute de poèmes et de paroles chantés, sont toujours accompagnés par un joueur de khène qui égrène infatigablement des rengaines tour à tour rythmées, langoureuses, plaintives et nostalgiques, puis gaies et sautillantes.

Le khène est vraiment le compagnon du "Mokhène" (joueur de khène) qui accompagne toujours le ou les " Molam ", troubadours qui, au Laos vont de village en village, de pagode en pagode, pour animer les nombreux "boun" ou fêtes populaires lao

D - L'ASSOCIATION DES "MOLAM" LAO DE MELUN

Parlant de "khène" et de musique folklorique lao, la Communauté Laotienne en France se félicite de l'existence d'un groupe d'artistes lao à Melun, composé de "Molam"(chanteurs) et de "Mokhène"(joueurs de khène) de réputation bien établie depuis de nombreuses années.

En effet, le groupe dirigé par M. Khampha Inthisane, s'est produit à plusieurs reprises à la Télévision française, a participé aux manifestations artistiques et culturelles de l'UNESCO, a produit un certain nombre d'enregistrements audiovisuels et sur cassettes, a fait de nombreuses tournées dans les provinces de France et en Europe: Allemagne(Bonn et Berlin), Angleterre(Londres), Belgique, Hollande, Suisse, Italie (Florence) notamment

On ne peut passer sous silence les noms bien connus des principaux animateurs du groupe qui sont, soit "Molam", soit "Mokhène" : Tém, Nouthong, Litsida, Thitsang-vone, Phimmasone , Chansamone , Sèngphet Sourignavongsay, etc...

 

II .- DE LA MUSIQUE ANCIENNE LAO OU "PHENG LAO DEUM"

Musique complètement anonyme, transmise de génération en génération, par la mémoire et une longue initiation au sein des groupes de musiciens traditionnels. C'est en somme notre musique classique, dont on ne connaît plus très bien les origines. Il y en a de 2 catégories :

1°)Musique légère: à facture courte en général, assez longue parfois, servant à accompagner la danse classique "Natasinh" ou certaines danses élaborées, assorties de chants originaux ou de nouvelles paroles continuellement composées pour des circonstances nouvelles. Ici, la musique, le chant et la danse sont des éléments à ne pas dissocier, dans la conception laotienne. A la danse se substituent parfois la mar-che, les gestes, les attitudes, ou les évolutions sur scène. Citons quelques titres signi-ficatifs qui désignent, soit 2 ou parfois 3 choses à la fois (chant, danse, musique) :

- Lao douang deuane(3), Lao phène(3), Lao kasè(2), Lao siangthiène(2), Fone dork may(3), Phama lamkhouan(ou Tén xè - 3), Tioy gnouan(?),Fone sourigna(3), Fone nôk khao(3) ou danse de la colombe, appelée aussi Sinouane, Phéng saleum xay(2), Phéng ténh labam(2), Falang yam thao(2), Phéng dork dinh(3), Phéng seut(2), Phéng saneu(2), Phéng loua(2), Phéng ôd(2), Phéng ork khèk(3);

- Le "Lamtad" associe le chant et la musique. De forme mélodique très variée, il comporte un chanteur soliste qui improvise ou crée toujours de nouvelles paroles, en guise de discours de bienvenue, de louanges ou de souhaits à l'adresse d'un large auditoire; chanteur qui est accompagné et soutenu par tout un groupe de choristes qui donnent la réplique, en chantant une sorte de refrain répétitif, rythmé par de la musique et le clappement simultané des mains.

2°)Musique noble ou musique de Cour et des cérémonies.

Musique très élaborée, mais toujours jouée à l'unisson, comportant 2, 3 factures ou plus. Chaque facture affecte un caractère mélodique un peu différent, et qui se joue en principe deux fois, avant de passer à la facture suivante.

A - LE MAHORY.

Certains morceaux sont longs et difficiles à retenir, n'accompagnant aucun chant en général, exécutés de mémoire, sans chef d'orchestre apparent. Cependant, c'est le "lanat ék" ou premier xylophoniste jouant en ton aigu, qui doit avoir une bonne mémoire pour conduire et guider le groupe orchestral plus ou moins étoffé appelé " Mahory ", et qui est composé notamment de :

- 2 "lanat" ou xylophones en bois, l'un de ton aigu (lanat ék), l'autre plus grave, jouant en ton de basse (lanat thoum);

- "Khong vông", série de petits gongs en cuivre disposés en arc de cercle sur un support;

- "khoui" , flute en bois ou en bambou;

- "Pi", une sorte de clarinette en bois;

- "Xo I" et "Xo ô", une sorte de viole dont la caisse de résonnance est en tronc de bois creux ou de bambou (pour le Xo I jouant en soprano), ou une coque de noix de coco (pour le Xo ô jouant dans le ton grave); instrument à 2 cordes frottées avec un archet à crin de cheval;

- "katiabpi", une sorte de mandoline ou instrument à cordes pincées, avec caisse de résonnance et manche en bois sculpté;

- le "khène" est rarement utilisé dans le Mahôry; et au cas où il l’est, tous les autres instruments doivent s’accorder sur les tonalités du khène qui sont très limitées et rigides;

- Pour la section rythmique ou percussion: le "Kong phinphat"(tambour à 2 faces, frappé à la main), "Kong taphône" (2 tamtams couplés à 2 tonalités, frappés à l'aide de 2 bâtons); le "Xing" et le "Xab" (cymbales en cuivre pour marquer le rythme).

-

Le groupe de "Mahôry" se produit en des occasions spéciales ou solennelles : réception à la Cour Royale, processions et cérémonies religieuses, animation comme musique de fond lors des veillées funèbres, veillées de fêtes de maison, des banquets et festivités d'un certain standing, etc.

Musique fonctionnelle parfois, pour accompagner les scènes de danse du ‘’Phalakphalam’’(Ramakiène ou Ramayana) qui se déroule en général à la Cour, ainsi que les scènes de théâtre chanté en salle, "Iké" d'origine siamoise, et pratiquement oublié de nos jours.

Musique noble, sans doute de tradition angkorienne, introduite au Lanxang (Laos antique) du temps du Roi Tiao Fangum au XIVè siècle, en même temps que le Boud-dhisme du Petit Véhicule, les manuscrits religieux sur feuilles de latanier, l'architecture des pagodes, le Ramayana, les reliques et objets de culte, les moines instructeurs, etc.

A partir donc de la Cour Royale, divers arts importés dont la musique et la danse, se sont diffusés dans le peuple, sont assimilés et adaptés par les couches populaires lao des deux rives du Mékong, selon leur tempérament et leur génie propres. Notons aussi qu’il y a dans cette musique une certaine influence de l'antique Siam qui, comme le Lanxang fut également redevable à la civilisation angkorienne pour divers arts. Echanges et inter-influences ont eu lieu de tout temps entre les 3 pays de la vallée du Mékong. Il en est résulté pour les Lao l’adaptation et la création d’oeuvres devenues à la longue typiquement laotiennes.

B - TITRES DES MORCEAUX DE MUSIQUE EN LAOTIEN

Ne nous étonnons pas que des musiques et danses de style presque semblable se pratiquent aussi au Cambodge et en Thailande. Il existe indiscutablement des liens de parenté artistique et culturelle entre ces trois peuples qui pratiquent du reste un bouddhisme semblable presque sur tous les points. Dans ce genre de musique, on croit souvent entendre des morceaux semblables, mais les titres et appellations parfois diffèrent, ainsi que certains passages mélodiques devenus même méconnaissables. La source reste apparemment commune.

Pour leur part, les Laotiens peuvent citer à leur actif une longue liste de morceaux devenus classiques : Nang nak, Soï sônh tad, Pham did nam tao, Kao nork, Kao nay, Lao douang deuane (musique seule), Lao siangthiène (musique seule), Lao chaleunsi, Lao sôm deuane, Lao lampang, Lao kathôbmay, Phama lam khouan (musique seule), Phama sôm tianh, Orathay, Bouabangbay, Thorani kanh sèng, Nak boriphat, Sôm dork, Nôk khao khia hang, Phagna noï sôm talad, Thong yone, Không béng, Kaykèo, Chinethoum, Nôk kasoumsèo, Katai sôm tianh, Khèkmone, Soudsangouane, Nang-khouane, Khèkmone samsanh, Mone heua, Lôm phatsaikhao, Khaméne pakthor, Khaméne phôthisat, Khaméne pikèo, Khaméne phouang, Khaméne saygnôk, Sinouane, Pè, Baykhang, etc...

C - LE GROUPE LANXANG MAHORY, EN FRANCE.

C'est une chance et un privilège pour la Communauté Laotienne que d'avoir en- core à son service, dans son exil, un petit groupe de musiciens amateurs pour agré-menter certaines soirées de fête, certaines manifestations artistiques et culturelles où l'on tient à avoir un certain cachet laotien. Dirigé par le Docteur dentiste Thay Thiravong, le groupe a pris le nom de "LANXANG MAHORY", un nom un peu pompeux peut-être, mais qui reflète bien la grande nostalgie des Laotiens pour leur pays, avec son glorieux passé, le faste des cérémonies, la douceur de vivre et la beauté naturelle de ses sites.

Derrière cette appellation évocatrice, se cache aussi l'ambition de préserver coûte que coûte un précieux patrimoine national, auquel pourront se reférer nos compa-triotes expatriés et nos jeunes, en quête de retrouver leur identité, leur racine et leur âme, de se forger une personnalité plus riche et forte, afin de faire face à l'adversité.

Les principaux animateurs sont : Nouthong Phimvilayphone, Kham-Ouane Ratanavong, Khamkhing Souvanlasy, Tém, Phouvieng Voradeth, Chansamone et autres personnes encore, qui viennent occasionnellement se joindre au groupe, telles que Vong Norindr, Champa, Khamvieng et Dara Champaphonevilay, M. Kèo Viphakone, Phonephet et Rattana Phetsirisèng.

Le groupe se réunit chez l'un ou chez l'autre, selon le temps disponible, consacre ses efforts pour s'entraîner et faire des répétitions en vue des soirées et mani-festations auxquelles il est convié. Ainsi, on l'a vu se produire en diverses occasions, à la télévision ainsi que dans des salles de fête laotienne.

Il a à sa disposition un "Houam phéng lao deum" (recueil de musique ancienne lao) assez étoffé, et un "Samout houam phéng fone natasinh" (recueil de musique de danse natasinh), deux documents conservant notre précieux patrimoine national par le solfège, à défaut d'enregistrements sonores de bonne qualité sur cassettes.

III.- DE LA MUSIQUE CONTEMPORAINE OU MODERNE LAO


Dans ce domaine, il y a de la variété, de la quantité et même de la qualité, grâce aux nombreux moyens et à la technique modernes. Il serait intéressant d'évoquer un peu l'historique de l'évolution de l'art musical lao de l'époque contemporaire, marquée surtout par la création des chansons laotiennes qui, maintenant portent des signatures d'auteurs souvent bien connus par le public.

Les anciens auteurs puisaient leur inspiration dans le folklore et dans le ‘’phéng lao deum’’ ou musique ancienne lao. Les auteurs modernes, bien que connaissant malheureusement moins bien la musique ancienne, ne cessent cependant de s'en inspirer, sans toujours s'en rendre compte, tout en subissant des influences diverses venant d'ailleurs, de Thailande, de l'Occident et de l'environnement international.

EVOLUTION

Au temps où l'on ne connaissait encore ni phonographe, ni radio, ni même les journeaux au Laos, je me souviens que la seule musique qu'on entendait, c'était celle du "khène", du "Mahory" (orchestre traditionnel) et du "Iké", théâtre introduit au Laos par 2 grands maîtres venus du Siam (Thailande actuelle) et finalement fixés dans notre pays, à savoir Khou Sing(à Paksé) et Khou Ouane Soutthamma (à Savannakhet, Louang Phrabang, puis Vientiane où, marié à une princesse royale, il a fondé et dirigé ‘’l'Ecole nationale du Natasinh lao’’, auteur de nombreuses oeuvres chorégraphiques et musicales pour lesquelles resteront redevables pour longtemps diverses générations d'artistes lao, danseurs et musiciens des deux sexes).

A - SOURCES ANCIENNES :

Le khène accompagnait les "Molam", troubadours qui puisaient leurs sujets à diverses sources :

1°) Les ‘’Kab kone’’ ou "kone lam" : poèmes populaires qui parlent d'amour (cours d'amour bien typiques du Laos), de religion, de voyages et fabuleuses aventures, des choses de la vie, des activités courantes, etc.

2°) Les "Nangsu phouk", oeuvres littéraires fort nombreuses et anonymes, écrites sur feuilles de latanier (Baylane), telles que: Kalaket, Sang sinh xay (de Thao ou Chao Pang Kham), Sourivong, Nang tèng one, Champa si tônh, Khoun lou nang oua, les oeuvres en vers sur les vies du Bouddha (Phavet sanh done, Témé, Sanôk, etc...éditées et vulgarisées par Maha Kèo, Maha Sila Viravong), et tant d'autres encore...

J'en garde un souvenir indélibile pour avoir été souvent choisi, dans ma prime jeunesse pour faire la "lecture chantée" de ces poèmes mythologiques ("Ane nangsuphouk"), - car il s'agissait bien de chanter, mais sans être accompagné par aucun instrument - dans certaines occasions exceptionnelles : veillées de fêtes de maison, animation de soirée en l'honneur de personnalités lao de passage dans la ville, classes de langue laotienne au Collège Pavie de Vientiane.

B - LES CHANSONS MODERNES

1.- Les chansons enfantines. Ce qui pouvait apparaître un peu comme "Phéng hong" ou chansons dans le style d'aujourd'hui, ce sont les "berceuses" chantées par les mamans laotiennes, et surtout les petites chansons créées par les maîtres d'école pour leurs élèves. Pleines de simplicité, de fraîcheur et d'innocence, elles restent toujours anonymes. Quelques titres ou plutôt paroles me restent en mémoire : "none xa yeu lab ta mè xi kom..", " ôl dôn xa ita tôk toum..", "ôlavinh ôlaviane hao pén nak hiène phun meuang Savanna", "Hak nong thèthè su phaphè ma hay nong hôm..", "Hom kinh baneyénh..", "ô mèng kabeua tiao pénh xua xad day..", "Heua lam ni bo mi xai khad thai..", "Khnôm pang kab kay rôti..", "Khoud dinh fanh may pouk khao phôd sali..", etc...

2.- La chanson laotienne à l'époque du "Samay funefou xat". Epoque de la Renaissance Nationale, 1939-4O, où le conflit franco-siamois a provoqué l'éveil de la conscience nationale lao; appelée aussi époque du "Lao Nhay", nom donné au premier journal lao. La première émission de la Radio Lao avait pour speaker M. Nhouy Aphay, mon ancien professeur de français, premier licencié-es-lettres laotien issu de la Sorbonne.

L'intelligentsia lao constituée sous l'égide de S.A.Tiao Phetsarath, réunie au sein de la "L.A.S." (première association lao, la "Laotienne Artistique et Sportive) présidée par M. Bong Souvanavong, mue par un patriotisme ardent et neuf, a suscité la naissance des premières oeuvres dans les domaines littéraire, théâtral et musical.

La première chanson lao est symbolisée par "Phéng xat lao" (l'Hymne National Lao visé dans la première Constitution Nationale, et qui serait encore, semble-t-il, maintenu comme tel par le nouveau régime à Vientiane, avec simplement de nouvelles paroles).

Dr Thongdy Sounthone Vichit, un médecin, en est l'auteur. Créateur prolifique, il a composé avec l'aide du khène un grand nombre de chansons. Mme Souphaphone Soukhavong de l'A.D.A.P. en a retenu un certain nombre dans son recueil de "Chansons laotiennes de toujours" (Houam phéng lao ammata) qu'elle a publié en 1985. Nous y retrouvons les titres les plus connus, de Dr Thongdy, tels que : Phéng xat lao, Lao houam samphan, Teuane tiay lao, Lao houam vông, Douang ratri, Lèng thi Vientiane, Douang nhithô.

Outama Chounlamany est bien connu pour les titres suivants: Tiampa meuang lao, Xao noum, Louk seua lao, Deuane ngam gnam nao, Déd dork hak, Nay ta bork.

Khou Ouane Soutthamma a composé beaucoup de "Lam tad" et "Lamvông". A son actif, citons: Lam tad hônghiène (avec Chao Sathiène Nachampassak), Lam tad nak hiène, Lamvông pimay (encore très joué), Lamvông nak hiène.

Beaucoup d'airs et chansons anciennes continuent à être joués ou résonnent encore dans nos oreilles, sans qu'on puisse dire qui en étaient les auteurs. Essayons maintenant de rétablir quelque peu les liens oubliés ou perdus :

Les titres : Nak hiène lao, Eune lao noum, Hao pénh thahane, Xômdeuane ngay, ont pour auteur Tianh hom.

Ma ma ma (ou Eun lao noum), Keud pénh lao, Khoi bo mao, Tiam tiay tiak, sont de Khammeung Sananikone.

Dork boua thong, encore très joué et chanté, est de Pierre Espanez

Sai lôm yénh, Koulab Paksé, sont de Bounthamali.

Gnat vông phông phao (titré précédemment "lôm phad phay") est de Dr Thongdy Sounthone Vichit. Les paroles sont de Khamsy Sirimanotham.

Kila kila (de Bounkhông Pradichit), Tianh lab (de Soukanh Vilaysane), Hak bo sôm vang (de Phoui Siharath), Dork lila (de Nang Kongmi),

Gnouvaxôn, Gnouvanari, Tam pamay (de Kham-Ouane Ratanavong).

Une remarque

Une remarque: les chansons de cette époque comportent beaucoup de marches et de chants à thèmes patriotiques. Les chansons de charme étaient aussi à l'honneur. Souvent bien construites, comportant des factures régulières, avec des couplets et un refrain, elles reflètent un certain romantisme plein de réserve et de pudeur. L'expression même de l'amour reste platonique. Et il s'y mêle presque toujours un petit grain de nationalisme ambiant.

3.- Les concours de musique et les représentations théâtrales.

Par de fréquents concours de musique organisés par la "L.A.S." sous la direction de M. Bong Souvannavong, encouragés par M. Charles Rochet, Directeur de l'Ensei-gnement Secondaire, une figure française intimement liée au mouvement de réveil national lao, la chanson laotienne a pris un essor prodigieux.

Bon nombre de chansons ont été composées pour servir dans les scènes de théâtre. Un certain nombre de pièces théâtrales ont été écrites, axées sur l'étude des caractères humains, à la façon de Molière.

C'était le "Lakhone phoud" (ou théâtre parlé), où interviennent de temps à autre des passages chantés ou chansons, comme intermèdes.

Je me souviens que les acteurs et interprètes de ces pièces ont été choisis par-mi les anciennes figures laotiennes bien connues, telles que Phoui Sananikone, Katay Don Sasorith, Bouaket Chanthapanya,Tay Kèolouangkhôt, Leuam Rajsombat, Nang Phoune(Mme Nivong Souvanheuane) et tant d'autres encore...Quelques titres me reviennent encore : "Ba nhôt"(la folie des grandeurs), "Sôm tiay" (un nom de personnage), etc...

C'est un grand dommage que ces oeuvres aient pu être toutes oubliées dans la période qui suit, alors qu'elles auraient pu être nos classiques en matière de théâtre. Peut-on maintenant les retrouver quelque part, pour notre documentation, surtout après le grand massacre culturel et la débandade générale infligés à la Nation Lao, suite à la révolution marxiste-léniniste de 1975 ?

Par contre, la tradition des concours de musique s'est perpétuée, et allait prendre un nouvel essor durant l'époque de l'Indépendance, après la Seconde Guerre Mondiale, jusqu'en 1975. Notons que même dans l'exil, la Communauté Laotienne expatriée n'a jamais cessé de trouver des occasions pour ressuciter cette tradition. De temps à autre, des concours littéraires et de musique ont été organisés afin de permettre à de nouveaux et jeunes talents lao ou d'origine laotienne de s'exprimer et d'émerger.

4.- La musique lao durant l'époque de l'Indépendance, jusqu'en 1975.

La décolonisation débouche sur une longue période de reconstruction nationale. La priorité était pour la formation accélérée dans divers domaines, surtout administratifs et techniques. Le professionnalisme était inconnu dans la pratique des arts musicaux et chorégraphiques.

Les efforts dans ces domaines en revenaient au premier chef à l'Etat : création du Conservatoire des Arts (par le Kôm Sinlapakone, Direction des Beaux-Arts), dirigé dans les plus récentes années, avant 1975, par M. Khanthong Thammavong, puis par M. Outé Khamvongsa. Les deux personnalités ont finalement trouvé asile politique en France.

Après les premiers coups d'envoi donnés par nos artistes amateurs de l’époque "Samay funfou xat", acteurs, compositeurs de musique, chanteurs et musiciens, lesquels faisaient en même temps leur métier de fonctionnaires ou cadres adminis-tratifs, il se passait une certaine période d'assoupissement, d'attente et de gestation, sans création d'oeuvres nouvelles. On vivait sur l'héritage du passé.

Le cinéma, la radio, les voyages et études à l'étranger, le développement des loisirs et de nouveaux besoins sociaux ont peu à peu suscité la naissance des groupements et associations d'artistes musiciens, jouant des instruments modernes courants.

Les influences extérieures et les fréquents concours de musique y aidant, de même que la multiplication des occasions de se produire(radio, spectacles, fêtes, cérémonies, réceptions publiques et privées, fanfares et orchestres attachés aux corps d'armée, dancings et boîtes de nuit, etc...), bientôt une nouvelle génération d'artistes a vu le jour, avec une floraison de chansons modernes, épousant les rythmes et cadences à la mode. Mais le style mélodique demeure malgré tout laotien, asiatique si l'on veut, ou plutôt proche de la Thailande voisine.

Le khène est plus ou moins dédaigné par la nouvelle génération, et le "Mahory" de moins en moins pratiqué; préférence pour les instruments et les airs modernes; de même que le "Iké" et le "Lamtad" sont presque complètement oubliés, les airs patriotiques ont perdu peu à peu le terrain pour faire place aux chansons à thèmes plus variés : amour plus moderne, sentiments complexes et fantaisie, souvenirs poétiques, nostalgie pour les sites, les régions, les villes , les lieux d’origine, etc.

Une monographie spéciale et détaillée de cette époque, sur le plan musical, doit être faite. Mais dans ma situation d'expatrié, je ne dispose pas assez de docu-mentation pour le faire. Je me contenterai seulement de citer les noms des artistes que je connais, et dont je me souviens encore, ne pouvant parler de leurs oeuvres qui sont au total très nombreuses.

a) Compositeurs bien connus :Khamla Nokèo - Tianh sôm, dit aussi So Sèngsirivanh - Phomma Sôm Soutthi (aussi speaker à la Radio nationale lao) - Sanong Oun Vông(dit aussi Mi dam) - Prixa Trichanh (dit Po Trichanh) - Somlit Ouane Savatdy - Phomma Phimmasone - Sourivat - Khamla Phetdara - Viliam Dittavông - Voradeth Dittavông, etc...

La plupart de ces compositeurs sont aussi chanteurs et instrumentistes.

b) Chanteurs et interprètes bien connus, des deux sexes :Khamteum Sanoubane - Nang Thane Tavanh - Nang Malivanh Voravong - Nang Sôm Fong - Nang Chansamone Sinbandith - Nang Bang One - Nang Sômboune lao khamthong - Nang Tianh hom Frichittavong - Nang Malichansouk - Ko Viseth - Soumountha Sirimanotham - Phomma Phimmasone - Chanthala Outhéne Sakda - Po Trichanh - Bounthông Vôngsali - Nit Vichittavong - Bounthièng Manivông - Phone Theph - Saisana Thanadabout - Khamphout Khénkittisak, etc....

5.- L'époque d'exil, depuis 1975.

L'exode de 1975, une terrible saignée pour le pays lao, a vu partir toute la troupe de musiciens, de danseurs et danseuses de la Cour Royale de Louang Prabang, un grand nombre d'artistes de l'Ecole Natasinh et du Conservatoire des Beaux-Arts de Vientiane, y compris leurs directeurs, ainsi qu'un bon nombre de musiciens compo-siteurs et chanteurs bien connus du public lao. Tout ce monde s'est retrouvé pêle-mêle en Europe, en Amérique, en Australie...

C'est ainsi qu'en France, comme aux Etats-Unis, dès que la vie s'est quelque peu stabilisée, puis normalisée pour les réfugiés laotiens, les activités religieuses, socia-les, culturelles, artistiques, et même sportives ont aussitôt repris partout, à la faveur des regroupements en de nombreuses associations civiles.

Nombreuses aussi, sont les occasions de retrouvailles entre parents, amis et connaissances laotiens et français. Le calendrier social des familles est marqué, pour presque toutes les fins de semaine par : des soirées de gala, de bienfaisance et de solidarité, cérémonies religieuses dans des pagodes, soirées de nouvel an, baci, célébration de mariages dans des salles, etc...où musique, chant et danse font nécessairement partie du programme.

C'est ici qu'est apparue une nouvelle génération d'artistes laotiens que la Communauté Laotienne doit considérer comme une chance et un grand privilège d'avoir encore à son service, loin du pays natal. Ce sont des artistes qui se refusent encore à faire du professionnalisme, comme leurs aînés de l'ancienne époque, exerçant souvent un métier à côté, et qui continuent à jouer dans l'ancien répertoire lao, tout en se lançant dans le vaste répertoire des chansons internationales à la mode.

De nouvelles créations musicales laotiennes ont vu le jour, mais attendent d'être mieux connues et diffusées plus largement. Beaucoup d'enregistrements sur cassettes et audiovisuels existent et sont sur le marché. Radio-Asie(hélas supprimée tout récemment) et à présent R.F.I.(Radio France Internationale) ont contribué grandement à la diffusion de la musique lao, ainsi que la télévision, mais à titre occasionnel. Toujours est-il que nos faiblesses persistent sur le plan médiatique.

Je ne peux donner plus de détails, concernant ces créations nouvelles et leurs auteurs. Même dans les concours de musique organisés de temps à autre, ce sont les noms des orchestres ou groupes de musiciens qui apparaissent au premier plan. Et ils sont nombreux, avec des noms parfois fort inattendus. Certains sont bien connus par le public pour avoir été souvent à l'affiche, comme animateurs des fréquentes soirées de fêtes et de mariages laotiens.

En voici une liste, qui n'est nullement exhaustive :Mittaphab - Mèkhong khièo - Nhaovaphout samphanh - Mitsangkhôm - The Bamboos Dijon - Khouanchai praxa - Prasansinh - Moissy Club Pheuan Lao - Action - Phanlakone bantheung - Les Hiboux (Nôkkhao) - Thunderfly - The Sixty - Heaven - Khi kadeuane - Saynamkhane - Sèng tavanh - Tiaktianh (Les Cigales), etc...

Quelques noms de jeunes compositeurs connus : Kôngsavath Soutthiphông - Tiao Khamphai Kounlavouth - Mothana Vilaysith - Kivong - Kongkham Inthavong - Vang Ngeun Sananikone - Vèopaseut Sômsavad - Saisamone dangkhambou - Souvanh Vongsoutthi - Phanlanakone - Kèo Silavong, Somsavèng, Khountheuang etc.

 

Conclusion

Cette étude est certainement incomplète, faute de documentation adéquate. Elle est basée en grande partie sur des souvenirs et observations personnels. C'est par observation personnelle aussi que je constate que l'art musical lao est arrivé, en ce moment, à un moment critique de son histoire. Une crise d'inspiration ?

A part la propension évidente de nos artistes à aller toujours de l’avant, dans le modernisme, voire l'internationalisme, il y a, quand il s'agit de faire de la musique laotienne, une tendance à se rattraper simplement sur les chansons anciennes des époques antérieures qui font encore recette, sans efforts réels de retour aux sources pour découvrir davantage de richesses. Ces artistes auraient pu y être aidés par des aînés, dont certains sont encore en vie, continuant encore à produire sporadiquement des oeuvres typiques, mais qui malheureusement ont peu de chance de percer, dans le goût et l’environnement actuels. Rupture de générations ?

Le même phénomène se produit actuellement au Laos. Déjà, dans notre histoire, quand se furent peu à peu éteintes les grandes envolées patriotiques de l’époque "Samay funfou xat" et de l'Indépendance nationale toute neuve, on revenait alors aux chansons d'amour et de charme qui continuaient à inspirer la génération suivante.

De même que maintenant, à Vientiane, quand les ardeurs révolutionnaires se sont tristement tues, après avoir engendré des rengaines triomphalistes clamées matin et soir, au point d'être devenues lassantes, ennuyeuses et vides de sens, c'est le retour pur et simple aux vieilles chansons sirupeuses de l'ancien Régime tant décrié et hôni, avec quelques accommodations parolières. Les éditeurs de Bangkok s'en mêlent en plus, pour lancer quelques artistes lao chantant en duo avec des vedettes thaï. Ils ont pu ainsi commercialiser activement et fructueusement les enregistrements d'anciennes chansons lao, mais passablement thaïsées.

Quoi qu'il en soit, il semble que par le biais de la musique, les frontières se sont abolies. Entre les artistes lao de l'extérieur et de l'intérieur, les clivages artistiques ont disparu. Ils se sont ainsi retrouvés, non seulement avec le même goût, les mêmes préférences et les mêmes chansons, mais aussi par les visites qu'ils ont pu se rendre maintenant, dans les deux sens.

La musique, un facteur d'union, de réconciliation ou de concorde entre les Laotiens des deux bords? C'est une matière qui mérite sûrement réflexion !

Orchestres - Producteurs - Distributeurs


- LAO ARTITS PROMOTION ( Khamteum Sanoubane, Voradeth DITTAVONG) 1227 W. 17th St., Suite 205 Santa Ana, CA 92706 U.S.A. (714) 285-1006 * (213) 773-7849

- FANFAM & JKB. PRODUCTIONS in USA Tel: 714-966-1151 Fax: 714-966-6683

- MALA SOUND PRODUCTION (Phomma Phimmasone) 12928 LYME BAY DR. HERDON, VA. 22071 U.S.A. (703) 437-0122

- THANADABOUTH Phousouksavanh 2091 BRIARWOOD AVE. HANOVER PARK, ILL. 60103 U.S.A. (708) 289-6063

- STUDIO MANYSENG Vangthong Soulisack 31 Rue des Noyers 77090 COLLEGIEN FRANCE (33)(1) 60.17.44.76

- Groupe SAYTHALA - ( Dom ) Pankham WARINTHASACK - 8 Rue Le Brix - 93420 VILLEPINTE - FRANCE - Tél: (33)(1) 43.85.44.99

- HARMONY ORCHESTRE ( Kyvong ) - BOY: (33) (1) 48.68.47.20 ANDY: 48.79.00.02 - FRANCE

- OUTSISER ( VONSANONH Bounsay ) - 4 Rue Castel - 92230 GENNEVILLIERS - FRANCE - (33) (1) 47.93.83.73

- THE ACTION ( XOSANAVONGSA Kèonouvong ) 7 Rue Pierre Brossolette 77000 TORCY FRANCE (33) (1) 60.06.04.08

- KHOUNECHAY PRASA (Chanthala OUTHENESACKDA) 8 Rue André Malraux 93360 NEUILLY PLAISANCE FRANCE

- MITTAPHAB ( VangNgeun SANANIKONE ) 100 Route Natinale 78940 LA QUEUE LES YVELINES - FRANCE

- Southi MINGKHAMSAVATH (Compositeur-Producteur) Bât: J2 - Parc de la Noue - 93420 VILLEPINTE - Tél: (33)(1) 43.83.17.74

- KHOUANCHAY PRASA (Kongsavath SOUTTHIPHONG) 8, Rue André Malraux - 93360 NEUILLY PLAISANCE (FRANCE

- STUDIO JOY HOLAPHONG - Résidence Hameau de Vallières - 12, Allée du Drapier - 77500 Chelles Chanterelle (France) - Tél.(33) (1) 60 08 58 49

- DB Vidéo 2000 - 44 Avenue d’Ivry - 75013 PARIS - Tél: (33)(1) 53.79.18.88 - Fax:(33)(1) 53.79.08.80


Liens
- LaoGate ( Canada )

-  LaoWaves ( Australie )

- Enjoy listening to Laos musics

- Musique de l'Asie de Sud Est

-Strory of the Khene by Viliam Phraxayavong

- http://listen.to/laomp3 ( Australie ) Ecouter les chansons Lao MP3 

-http://perso.infonie.fr/nodone/  Nodone

-http://perso.libertysurf.fr/chidarani/index.html Chitdarani

-http://perso.wanadoo.fr/asia-music/ Lao Music

-http://dintanavong.free.fr Asia Musik Dintanavong

-Kabkeo-Musique

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